Burkina Faso: IB sonne la fin de la récréation

Burkina Faso

62ème anniversaire d'indépendance 

Ibrahim TRAORÉ sonne la fin de la récréation 

Le Burkina Fasso a célébré le 62ème anniversaire de son indépendance ce dimanche 11 décembre 2022. Comme il est de coutume pour tout dirigeant (s'adresser à son peuple à des moments symboliques), Ibrahim TRAORÉ a fait une adresse à la nation burkinabè la veille (samedi, 10 décembre 2022). Dans son discours d'une dizaine de minutes, il n'a pas cherché à faire du politiquement correcte, cette manière de faire de certains Chefs d'État qui consiste à persuader leurs populations en leur promettant monts et merveilles. 

Pour le jeune Capitaine, c'est maintenant que démarre la véritable lutte pour la souveraineté du Burkina Faso. C'est pourquoi il a voulu faire comprendre que le 11 décembre n'est pas une occasion de fête pour les Burkinabè. "(...) Je n'irai pas vous faire un discours cette année parce que l'heure n'est pas à la fête. Notre indépendance n'est pas acquise parce que nos terres sont occupées, notre économie est balbutiante et nos mains sont liées. (...) 

Il y a quelques semaines de cela, le destin du pays changeait le 30 septembre [2022]. Nous disions que nous sommes révoltés et aujourd'hui date anniversaire de la fête de l'indépendance, nous sommes encore plus révoltés. Le combat pour l'indépendance totale a commencé il y a quelques semaines de cela. Et ce combat passe nécessairement par les armes mais aussi par nos valeurs, nos comportements, le redressement de notre économie. La bataille contre l'ennemi qui occupe nos terres est en train de commencer. Cette bataille est à son préambule. (...)", a-t-il déclaré en substance. 

Un discours teinté de non-dits

Quand Ibrahim TRAORÉ prononce le mot ennemi, il faut le comprendre sous plusieurs angles. Le premier est l'angle sécuritaire. L'an 62 de l'indépendance du Burkina Fasso a lieu dans un contexte sécuritaire particulier. 40% du territoire serait hors contrôle du pouvoir central du fait du terrorisme. Ce terrorisme qui n'est pas que religieux. Les terroristes chassent les populations des terres cultivables et ils (les terroristes) récupèrent leurs troupeaux. Aucune raison religieuse ne saurait l'expliquer. Plus d'un millions de burkinabè sont aujourd'hui hors de leur propre territoire à cause de l'insécurité. 

Cette insécurité a motivé deux coups d'État en moins d'un an. Le premier a été perpétré par Paul Henry Sandaogo DAMIBA contre Roch Marc Christian KABORÉ le 23 janvier 2021. Ce balayeur (ndlr : Paul Henry Sandaogo DAMIBA) sera lui aussi balayé le 30 septembre 2022. Il lui ai reproché d'avoir fait le blanc-colon sur le dos des Burkinabè après avoir chassé le blanc-colon. En d'autres termes, DAMIBA n'a rien fait de mieux que KABORÉ pour rétablir la sécurité dans le centre-est du pays. Il cèdera le fauteuil présidentiel au jeune Capitaine, Ibrahim TRAORÉ qui dirige actuellement la transition. 

Le deuxième angle pourrait être d'ordre économique. Le Burkina est 184ème sur 191 dans le classement IDH (Indice de développement humain) de 2021 du PNUD, Programme des Nations Unies pour le Développement. Ses importations ont augmenté de 15,5% en 2021 alors que les exportations le sont à 6,5%. "Ceci a accentué le déficit des comptes courants, estimé à 3,0% du PIB contre 1,0% en 20220", note la Banque mondiale qui ajoute que le déficit budgétaire du Burkina est passé de 5,7% en 2020 à 6,0% l'année suivante et que sa dette publique représente 50% du PIB, 54% pour ce qui est de la dette "domestique".

Comment les exportations pourraient bien profiter à un pays utilisant le franc des colonies françaises d'Afrique (franc cfa) ? La motié des revenus générés par ces exportations part dans les caisses de la France. 

Le troisième et dernier angle est lié à la souveraineté. L'ennemi à la souveraineté du Burkina n'est autre que celui qui tente de lui imposer le choix de ses partenaires : la France. Cette France qui, après avoir échoué avant d'être chassée du Mali, tient à transformer le Burkina Faso en un nouveau QG de son armée dont il a certainement du mal à pouvoir héberger les effectifs sur son territoire car pleine de "légionnaires" venus d'autres pays. Elle a été accusée de soutien aux terroristes au Mali. Elle devrait perdre du terrain avec la détermination des nouvelles autorités burkinabè qui veulent récupérer leur territoire perdu en comptant sur l'appui de la Russie avec qui elles ont déjà des secousses de collaboration en matière de défense. 

Saa Joseph KADOUNO